la douce tempête.

"Ouah. Je serais mort si je m'étais pris cette attaque. Enfin, sans doute...."

Säilän était là, juste derrière Villia, son visage à quelques centimètres à peine du sien, la main en visière. Il regardait avec attention le trou que venait de causer Villia. Il avait vraiment sous-estimé la jeune femme. Mais cela n'arriverait plus. Il avait une idée plus précise de la limite du pouvoir de la jeune femme à présent ou plutôt de son absence de limite. Il n'avait plus besoin que de quelques informations.

En réalité Säilän faisait le malin, mais sous son long manteau, son bras droit avait totalement disparut, désintégré par l'attaque de Villia. Cela avait été tellement vite qu'il ne l'avait même pas senti au départ. Il ne s'en était rendu compte que quand le dimension 6 s'était automatiquement activé et que alors même qu'il prononçait cette phrase à la jeune femme, son bras réapparaissait instantanément, comme si il ne s'était rien passé. Le jeune homme ne put s'empêcher d'être effrayé aussi bien par le pouvoir destructeur de Villia que par le sien. Et pris d'une pointe de mesquine furie, se servant du pouvoir de l'air, Säilän envoya un coup de pied tournant avec la ferme intention de renvoyer Villia au sol d'un seul coup.

Oui, ça manquait sérieusement de classe. Mais ça valait bien un bras perdu.

Et sa voix, éternellement, retentit près de son oreille. Au fond de son âme, elle était rassurée. Elle aurait pu tuer de nombreuse personne si elle ne s'était pas contrôlée. Mais son crâne lui faisait mal. Il lui faisait atrocement mal, comme si on lui donnait des coups de marteaux à l'intérieur du crâne, ou quelque démon hurlant pour sortir de son cerveau.

Elle voulut faire volte face, mais n'eu pas le temps de parer le coup du jeune homme. Elle se prit le coup de pied de plein fouet et fut projetée en arrière, son bouclier corporel ayant été désactivé le temps de la libération. Elle bénit alors, malgré la douleur, l'entraînement dur qu'elle s'était imposée durant ces dernières années afin de pouvoir se battre au cas où son pouvoir viendrait à lui manquer. Ses mains percutèrent le sol en premier, et elle prit appui tout en se propulsant en avant de façon à ne pas s'écraser lamentablement au sol. Le coup de pied avait déchiré sa chemise, découvrant une partie de ses côtes. Elle mélangea sa salive et le sang qu'elle avait dans la bouche, et le cracha avec nonchalance, laissant un mince filet couler sur ses lèvres et son menton. Il fallait qu'elle trouve un autre moyen de battre le président. Certes sa dernière attaque avait été linéaire, aussi le président pouvait il l'esquiver aisément. Cependant, quelque chose lui disait qu'elle ne pouvait l'attaquer de front, encore une fois. Elle élabora rapidement un plan de fortune pour rester active, et donna un coup de pied sur le sol. Une puissante onde de choc se déploya autours d'elle, tandis qu'elle faisait apparaître une succession de petits rayon d'énergie pure vers Sailan, encore en l'air, pour l'obliger à redescendre et se prendre ainsi... peut-être... l'onde de choc.

Säilän faisait le malin, mais il avait eut beaucoup de chance. Le coup précédent aurait pu le désintégré complètement. Heureusement que Villia avait visé l'effigie d'eau qu'il avait créé alors que lui même était resté caché sous l'eau. De fait, l'attaque l'avait simplement effleuré. Si l'on pouvait dire que la perte d'un bras entier tenait de l'éraflure...

Il était peut-être temps qu'il prenne ce math au sérieux. Jusqu'ici Säilän ne l'avait considéré que comme un simple entraînement, mais il avait faillit mourir plusieurs fois. Alors que Villia lançait une nouvelle attaque. Le garçon se décida.

Une attaque aérienne doublée d'une onde de choc au sol. Une attaque prévisible mais toujours aussi efficace. Analyse en cours. Analyse terminée. Interception des rayons lumineux, succès probable : 92%. Arrêter l'onde de choc, succès probable : 23%.

Utilisation de magie des ténèbres : Boules d'énergie noire recommandées.

Aussitôt avec une précision mortelle, une boule de ténèbres apparut juste devant la pointe de chacun des rayons d'énergie alors qu'ils étaient encore à bonne distance de Säilän créant dans le ciel une myriade d'explosion aussi impressionnantes que bruyantes. Les yeux du garçon étaient toujours fermés mais son sourire mesquin avait disparut. Il était maintenant parfaitement concentré.

Préparation de l'assaut suivant. Recherche du meilleur schéma d'attaque : Trouvé. Schéma similaire à l'attaque juste évitée. Premier sort : attaque au sol : volée de stalagmite. Probabilité de toucher : 0% probabilité d'esquive par les airs : 33% Probabilité d'esquive au sol : 33%, probabilité de parade : 33% . Analyse de la personnalité du sujet : probabilité d'esquive par les airs : 30%, probabilité de destruction de l'attaque par un sort plus puissant : 60%. Probabilité d'esquive par la terre : 9%, autre 1%. Préparation des contres mesures...

Dans la tête de Säilän tout se passait maintenant comme une simple partie d'échec aux possibilités infinies, et il venait de calculer sept coups d'avance, en moins d'une demi-seconde. Aussi lança t'il son attaque. Profitant du couvert temporaire que lui offrait les explosions, il utilisa le pouvoir de l'air pour foncer vers Villia. Dans le même temps, une boule d'énergie électrique se formait dans sa main et des pics de terres se formaient sur le sol, directement sous Villia, avec la ferme intention de l'embrocher. Säilän préparait déjà le sort suivant. Prêt à réagir à toutes les possibilités d'esquive où à continuer son assaut le cas échéant...

Sa contre-attaque avait laissé à Vilia le temps de reprendre ses esprit, et de se remettre en condition de combat. Elle était prête à reprendre le combat, même si au fond d'elle elle se sentait mal à l'aise vis à vis de la puissance qu'elle devait déployer.

alors, le jeune président fonça sur elle. Instinctivement elle chargea son énergie, qui fut en partie immédiatement mise à mal. Regardant en dessous d'elle, elle remarqua des épines de pierre acérées déchirer les manches de son pantalon, s'écrasant toutefois sur son bouclier corporel. Le goût du combat revint dans sa bouche avec un sourire carnassier. Une attaque coordonnée, hein... Ah, elle allait profiter de ça pour faire d'une pierre deux coups.

Elle allait lever brutalement une jambe, telle une danseuse, presque jusqu'au niveau de  sa tête, et quelque millisecondes avant que Dëntiles ne soit parvenu à elle, la faire retomber. Une brutale onde de choc pulvériserait les épines au sol, et repousserait par la même occasion son adversaire, et la boule d'énergie qu'il avait entre ses mains. elle en profiterait dès lors pour contre-attaquer immédiatement. Elle camperait sur sa position, gardant une attitude défensive, créerait De multiples lances d'énergies qu'elle lui lancerait à la figure pour le garder à l'écart.

Il ne s'approcherait pas aussi facilement d'elle.

(POST DE SAILAN)


Si Säilän avait encore été dans sa phase narquoise, un sourire mesquin se serait alors dessiné sur son visage. Mais il était alors bien trop concentré pour cela. Alors que l'attaque de Villia se préparait, il se contenta tout simplement de changer son sort. Visiblement ses stalagmites ne servaient à rien, autant s'en débarrasser.
La chose pratique avec la magie instinctive, c'est que l'on était pas obligé d'attendre la complétion d'un sort avant d'en lancer un nouveau. Les stalagmites fondirent presque instantanément, laissant place à un sol instable et mouvant.
Le timing avait été parfait. L'un des traits de lumières qui aurait dû l'atteindre se ficha profondément dans une boule d'énergie noire et disparut.

Sa boule d'énergie toujours en main et maintenant à moins d'un mètre de Villia, Säilän lança son attaque. La boule changea soudain de forme se transformant en une longue lance électrique qui fonçait directement vers la tête de la jeune femme alors que dans son autre main un autre mini trou noir venait d'apparaître, mais celui là n'avait certainement pas une vocation uniquement défensive...
Mais le pire, c'était sans doute le sort d'eau qui commençait à recouvrir le sol où se trouvait Villia, sans même que Säilän ne semble y prêter attention.....

Brutalement donc, alors que ses lances d'énergies se chargeaient entre ses mains, Vilia sentit le sol fondre sous elle. Ah, le salaud... ses lances ratèrent leur objectif de quelques millimètres. Ainsi se tenait elle sur un pied, alors que le sol se changeait en sable. Connerie... De plus, l'eau commençait à donner une consistance peu favorable au déplacement, dès lors que la sable se changeait en boue.
Il fallait qu'elle sorte de cette situation ou c'était la double attaque assurée. Elle allait morfler. Elle se prépara à donner une impulsion violente en dessous de ses pieds, pour se dégager de la boue qui l'engloutissait petit à petit... Aurait elle seulement le temps? Si elle sautait, elle risquerait quand même de se prendre  la double-attaque dans l'abdomen... Et si elle se baissait, elle risquait de se faire toucher à la tête... Ainsi, elle ne savait comment réagir, il fallait qu'elle laisse l'instinct parler.

avec cet instant d'hésitation, elle se rendit compte qu'elle avait donnée une impulsion  trop petite pour se retirer du sable. Se pensant libre de ses mouvement, elle fit un pas en avant, mais retenue par la boue, elle trébucha, et tomba en avant, plongeant la tête la première dans la mixture. A défaut de rester propre, ça lui sauva la vie, dès lors qu'elle évita l'attaque de son adversaire d'un cheveux. Instinctivement, elle leva la jambe en arrière au moment où elle tombait, présentant son pied juste au niveau du bassin du président, lancé à pleine vitesse.

Ceci... ne faisait pas parti des calculs... Avec une demi seconde de retard, Säilän compris ce qui venait de se passer. Il avait oublié de calculer une chose. Et si une de ses attaques réussissait ? Il n'avait pas imaginé une seule seconde que Vilia, maître de la gravité puisse s'embourber dans son piège et il rata monumentalement son attaque, passant au dessus de la jeune femme et perdant le contrôle minutieux de ses sorts. Alors que le pied de la jeune femme percutait son estomac, modifiant sa course, le mini trou noir de Säilän parti en une trajectoire incontrôlée avant de se perdre dans la forêt où, quelques secondes plus tard, une dévastatrice implosion souffla toute la lisière Est de leur clairière.
La lance d'éclair quant à elle se perdit dans les airs et alla se ficher directement dans la cuisine d'un certain serviteur, d'une certaine grande famille dans une certaine partie du château où sa maitresse attendait impatiemment son repas...
Enfin, les sables mouvants impromptus retrouvèrent presque instantanément leur solidité et le jeune garçon auteur de tous ces artifices partit dans un roulé boulé magistrale et finit la tête à l'envers, les deux bras ballants, adossé à un rocher qui avait bien voulut arrêter sa charge mortelle.

Et le garçon ne put s'empêcher, d'éclater de rire... Yay... Il s'était encore gouré dans ses calculs...

Après que Saïlan l'eut dépassé, Vilia s'extirpa immédiatement du sol, qui se solidifia à quelque centimètres de son nez. Elle était maintenant couverte de boue, et sa chemises était partiellement déchirée, à l'instar de son pantalon. Seul son manteau ne semblait pas avoir souffert de quelque égratignure que ce soit. Elle se remit immédiatement en position de combat, une main cependant pressée contre son visage.

En effet, la subite migraine qui l'avait saisie devenait gênante, et la douleur la déconcentrait, pire, l'énervait terriblement. Un halo noirâtre se forma autours d'elle, alors que son pouvoir suintait jusqu'aux sol telles des vapeurs toxiques emplissant l'air. Elle lâcha un grognement, et leva la main gauche. Une lance ténébreuse de trois mètres apparut, crépitante d'énergie noire, n'attendant qu'une surface molle à transpercer, ou dure sur laquelle exploser en une grosse déflagration. Dans son autre main, Vilia avait chargé de l'énergie afin de former grosse lame de ténèbres qui couvrait son avant-bras tout entier.

Il fallait qu'elle se défasse rapidement de sa proie, ça s'éternisait et elle allait bientôt épuiser son deuxième pallier d'énergie. Elle avait rarement, si ce n'est jamais atteint le troisième pallier, et n'était pas sûre de l'impact que ça aurait sur le combat.

Elle projeta la lance sur son adversaire presque immédiatement après s'être gonflée en énergie, et fit un saut d'une dizaine de mètre, avant de plonger avec une vitesse démoniaque vers le président, prêt à le clouer au sol.

Le garçon se reprit de justesse, esquivant la lance noire à moins d'un millimètre, les éclats de rocher frôlèrent dangereusement son corps alors qu'il se vrillait pour se remettre face à la jeune femme... qui était déjà juste devant lui, au plutôt juste au dessus de lui. Oups, tout cela n'était pas prévu au programme.

Säilän le regrettait, mais il du alors "tricher". Il activa les séquelles de son Dimension 6. Son pouvoir héréditaire. Et au moment où le poing de Villia allait l'enfoncer six pieds sous terre, il disparut purement et simplement, téléporté à quelques mètres à peine, mais suffisamment loin pour se placer en dehors de portée de l'attaque. Mais ce n'était pas là le pire avec ce pouvoir. C'était qu'il ne consommait absolument aucune énergie. Il s'agissait d'un mouvement instantané limité à 5,34 mètres qui ne demandait pas le moindre mana.

Mais le jeune homme ne se perdit pas en remords. Il contre-attaqua immédiatement en profitant de l'effet de surprise qu'il espérait avoir créé. Une salve de magie "pure" partit sur Villia. En réalité, il s'agissait de petites boules de magie des sept éléments ultraconcentrées. L'avantage d'un tel type d'attaque consistait dans le fait qu'il était presque impossible d'ériger une protection adéquate, l'inconvénient était que maintenir une telle attaque nécessitait une très grande concentration permise à très peu d'individu et surtout elle laissait le lanceur dans l'incapacité d'utiliser d'autres sorts dans le même temps.

Mais Säilän n'avait pas en s'en préoccuper étant donné qu'il pouvait utiliser l'électricité pour se téléporter hors portée au cas où. Mais le jeune homme était de plus en plus certain qu'il allait devoir lancer son piège plus tôt que prévu...

Alors que Vilia filait droit vers sa proie, elle avait subitement l'impression qu'il était enfin à sa merci, elle allait pouvoir le mettre à terre une fois pour toute. Or ce ne fut pas le cas, et le jeune disparut purement et simplement quelques millisecondes avant que son attaque ne l'eut touché. Croyant à un leurre, Vilia laissa la lame qui couvrait son bras fondre et être absorbée par son bouclier magique, afin de renforcer sa défense. Elle savait que la contre-attaque n'allait pas tarder.

Cependant, à peine s'était elle retournée qu'elle voyait les projectiles magiques filer vers elle. Elle allait avoir du mal à tous les encaisser, il fallait qu'elle les esquive. elle fit un bond de plusieurs mètres en arrière, et lança une vague d'énergie noire afin de créer un mur protecteur. Il fut à peu près efficace mais certaines sphères parvinrent à passer au travers et elle préféra encaisser directement le coup.

La douleur fusa tel un coup de marteau dans ses membres, et elle peina à conserver son équilibre un instant. Ses crocs luisaient à la lumière du crépuscule qui commençait à tomber sur l'arène, et elle jeta un regard menaçant à Saïlan. La magie se déversa à nouveaux de ses membres, et elle puisa tout ce qui restait du deuxième palier dans sa main gauche. qu'elle leva rapidement, avant de donner un coup de poing violent dans le sol, qui se craquela.

Au début, il ne se passa rien. Puis, brutalement, des centaines de décharge d'énergie verticales jaillirent du sol sur un rayon de trente mètre, transperçant tout ce qu'ils pouvaient toucher. Vilia, quant à elle commençait à puiser dans son troisième pallier.

Il ne fallut pas longtemps à Säilän pour comprendre qu'il n'avait aucune chance d'esquiver cette attaque en se téléportant. Prendre de la hauteur semblait également futile. Il n'avait plus qu'une seule solution : recourir au plan qu'il mettait en place depuis le début. Il aurait pu passer un "niveau" de plus et appeler son "Holy armor" mais il s'agissait de sa protection absolue qu'il avait gardée secrète pendant presque 7 ans, il n'avait aucune envie de la dévoilée maintenant.
D'un simple mouvement de la main, il activa son piège. Les boules d'énergies de chacun des éléments qu'il avait envoyé dans tous les sens et qui reposaient maintenant à des kilomètres des deux combattants se réactivèrent soudain formant un cercle parfait autour de l'arène... et neutralisant complètement toute magie à l'intérieur, dissipant avec aisance les colonnes de Villia et bloquant efficacement l'accès à la magie des deux participants.
Devant Villia se planta alors une rapière toute simple sans aucun enchantement particulier et devant Säilän également. La seule différence résidait dans la garde un peu particulière de la lame, sertie en plus de l'emblème des Dëntiles : une balance gravée sur un phoenix aux flammes purificatrices.

Le jeune homme se saisit alors de l'arme dans sa main gauche, toujours dans son fourreau et avec un sourire narquois déclara :

"Je pensais que nous pourrions régler notre duel dans les règles de l'art..."

Si sur leur siège certains se demandaient comment un sort capable d'arrêter la magie pouvait exister ( notamment les premières années qui n'avaient pas encore suivi les cours sur les sceaux...) d'autres (notamment les téméraires du qui s'étaient approchés de la zone de combat) se demandaient pourquoi Säilän n'avait pas fini le combat à ce moment là. Si au lieu de faire apparaître une rapière il s'était procuré une arme à feu, même la présidente du conseil de Discilpine aurait difficilement pu éviter une balle sans sa magie...

La jeune femme sentit son énergie refluer. Le ciel et la terre grondèrent, mais rien ne vint à sa main. Elle crispa ses doigts et relâcha enfin son souffle, pantelante, le regard levé vers le Président.

Le salopard avait tout prévu. Elle aurait put briser ce foutu cercle si il l'avait lancé quelques minutes auparavant. Si elle n'avait pas atteint le troisième pallier. Elle l'aurait brisé, rompu, surchargé, elle aurait fait ce qu'elle avait à faire. Mais elle ne pouvait pas. Elle s'épuiserait au point de tomber de sommeil si elle le faisait. Elle ne pouvait plus rompre ce sceau, et l'une de ses plus grandes frayeurs pénétrait en elle.

Il fallait qu'elle se ressaisisse... toutes ses années d'entraînement de combat au corps-à-corps, toute cette douleur physique, justement dans l'éventualité où cette situation surviendrait...
Alors que son maux de tête redoublait d'intensité, la haine balaya la peur comme s'il n'eut s'agit que d'une douce brise.... et fut appuyée par un petit rire orgueilleux.

Elle se redressa, impériale. Ses vêtements déchirés découvraient sa peau nue, son manteau noir était posé sur ses épaules, flottant à travers le tourbillon venteux qu'avait causé le combat. Les enchantements sur les gradins décuplaient la lueur lunaire, éclairant d'une blancheur fantomatique l'arène. Elle enfila tranquillement des cestes en métal renforcé qu'elle avait sortit des poches de son manteau, et retroussa les manches de son pantalon, découvrant des protections métalliques sur ses tibias, jusqu'à ses genoux.


"Je pensais que nous pourrions régler notre duel dans les règles de l'art..."

Elle attrapa la rapière en face d'elle, et la brisa sans autre forme de procès sur sa jambe avant de jeter les deux bouts à terre.

" Je pense moi que je n'ai pas besoin de tes règles..." cracha-t-elle alors que son sourire canin s'étirait sur son visage.

Elle se mit en garde, et achevant son insulte, fit un petit va-et-vient avec sa main, invitant son adversaire à attaquer.

Säilän, sa rapière (qui en portait le nom mais qui en vérité ressemblait plus à une lame à double tranchant) toujours en main gauche, tapota son coude du bout du fourreau dans un geste à la fois agacé et un brin condescendant. Il ouvrit alors ses yeux qui brillèrent d'un noir dédaigneux.

"On dirait que je suis un brin sous-estimé."

En matière de combat sans magie, Säilän n'avait peur de rien ni personne. Surtout lorsqu'il se battait à la rapière. C'était la première arme sur laquelle il s'était penché. Mais très vite le jeune garçon s'était intéressé à de nombreuses autres disciplines de combat. mains nues sous toutes les formes possibles et imaginables, autant de forme de combat qu'il existait de type de lames différentes, lances, haches, et autres. Säilän avait rapidement atteint un niveau proche de la maitrise dans chacune de ses disciplines et avaient incorporé certains de ces éléments dans son style de combat à la "rapière". Si bien que depuis son seizième anniversaire, le jeune n'avait plus jamais perdu un match sans pouvoir. Ce n'était pas pour rien qu'il avait décidé de couper les siens en même temps que ceux de Villia.

Le style de combat résultant était assez original. Le jeune homme se battait avec sa lame au fourreau en main gauche, qui servait surtout pour deux choses : la défense, et le coup létal. Sa main droite libre lui permettait beaucoup d'ouverture notamment contre les adversaire expérimentés qui pensaient que dès qu'ils étaient suffisamment près, sous-entendu en deçà de la portée de sa lame, ils avaient le champ libre. Adepte de nombreuses techniques de défense allant du désarmement à une main, jusqu'au lancer, en passant par les chutes contrôlées et les coups au points vitaux, Säilän ne craignait presque personne. Et il n'avait que rarement besoin de sortir sa lame, un coup de fourreau bien placé suffisant généralement à mettre hors d'état de nuire son adversaire et ce quelque soit sa carrure.

Le jeune homme s'approcha de Villia, en garde. Et même si il n'aimait pas attaquer le premier, il se lança, pris d'une furieuse envie de montrer à la jeune femme que la frénésie n'était pas synonyme de victoire. Paume ouverte in chercha à frapper le ventre de la jeune femme qui l'en empêcha par une contre-attaque parfaitement maitrisée, mais le fourreau de Säilän dévia la ceste qui aurait du frapper son visage, lui permettant de placer son coup à moindre effet certes mais tout de même, faisant reculer la jeune femme d'un pas. Mais il n'en avait pas fini. Profitant de son déséquilibre il tenta de la mettre au sol en plaçant le bout de son pied derrière le talon de son adversaire. Encore une fois, cette dernière réagit avec promptitude, esquiva le coup et fourbe et reprit ses distances de quelques foulées en arrière. Mais Säilän n'était pas prêt de s'arrêter, maintenant qu'il l'avait mise sur la défensive, il n'avait pas l'intention de la laisser reprendre le contrôle. S'en suivit une volée de coups à toute vitesse dans les deux camps qui étaient sans doute invisibles aux yeux des non-initiés.

La jeune femme avait au moins pu exulter quelques secondes. Énerver le gringalet le plus agaçant de l'Académie n'était pas donné à tout le monde. Dommage que ce fut en plein combat, alors que celui ci avait tout le temps de faire virevolter son arme de prédilection.
Théoriquement, elle devait rester sur la défensive. Elle n'attendait que l'attaque de son adversaire pour pouvoir contre-attaquer; la riposte était définitivement dans le cas présent son meilleur atout. Cependant... c'était sans compter la vitesse d'attaque du jeune homme, qui était partout à la fois. Le coups s'enchaînait donc, et immédiatement sa défense fut mise à mal. Il ne lui laissait aucun répit. Après l'avoir déséquilibré il tâcha de la déborder. Elle commença par se défendre de son assaut uniquement avec ses poings et ses bras, écartant les coups dangereux, épousant la forme des coups moins violent pour minimiser leurs impacts. Elle voulait garder l'usage de ses pieds pour pouvoir le repousser. Mais elle dut bientôt se résoudre à bloquer ses attaques en dessous de la ceinture avec ses jambes. Il était trop rapide. Elle envoyait ses coups les plus complexe, contre-esquives et autres crochets, coups de genoux dans l'abdomen, mais elles savait que la défense de son adversaire serait bientôt impénétrable une fois qu'il aurait intégré ses coups dans ses calculs.
Il était trop rapide.
Elle voulu faire un coup de pied retourné dans son thorax pour le faire reculer et lui laisser le temps de reprendre son souffle, la douleur qui fusa dans son crâne la ralentit d'une milliseconde. Le temps pour Saïlan d'écarter sa jambe. Elle put reprendre appui par instinct juste à temps... mais pas esquiver le coup de fourreau qui vient percuter son menton. La douleur éclata dans sa mâchoire, tandis que le Président enchaînait immédiatement avec un coup de genoux dans l'abdomen, la pliant en deux. Il redressa son fourreau, près à lui coller un coup dans la temps qui la mettrait hors de combat....
Mais la fureur en elle ne lui en laissa pas le temps.
Presque à genoux, la tête baissée, elle attrapa soudain le fourreau qui filait vers elle d'une main, et empoigna le col de son adversaire avec l'autre. Elle se redressa de toute sa hauteur, soulevant très légèrement au dessus du sol Sailan. Ses yeux de glace assassins croisèrent ceux du jeune hommes l'espace d'un instant, tandis que le sang coulait sur ses canines, perlait sur ses lèvres...
Et elle lui colla un monumental coup de tête en plein visage, visant son né pour le briser et de ce fait le désorienter, avant de le repousser avec violence.
Puis elle cracha la salive mêlée au sang qu'elle avait dans la bouche, et se remit en garde, tout en soufflant sur une mèche qui lui tombait sur le visage pour la repousser.

Säilän vit le coup de tête lui arriver en pleine figure et eut juste le temps de tourner la tête pour éviter une blessure particulièrement inconvéniente. Il se prit le coup en pleine joue et recula de plusieurs mètres, sonné. Il se reprit pourtant très vite, levant sa garde de sa main gauche pour dissuader Villia de profiter de l'avantage qu'elle venait de s'octroyer. Vain effort. Elle se jeta sur lui avec fureur, et dans une position inconfortable le garçon dut pour la première fois depuis longtemps réagir par instinct et exécuter un pas de défense qu'il avait répéter des centaines de fois pour le rendre automatique.
Alors que le poing de Villia arrivait, la pointe du fourreau de Säilän crocheta la ceste de la jeune femme, et d'une virevolte, Säilän accéléra l'assaut de la jeune femme tout en se servant de l'appui qu'il s'était ainsi créé pour tournoyer, collant pendant une seconde son dos à l'épaule de la jeune femme et se retrouvant ainsi derrière elle en garde parfaite, alors qu'elle se reprenait emportée par son élan.

Du pouce de la main gauche, il s'essuya le sang qui coulait au coin de sa bouche dans un geste pour le moins cliché. Ses yeux avaient virés à un orange excité. Il allait probablement s'amuser beaucoup plus qu'il ne le pensait. Visiblement la jeune femme était adepte du combat très courte portée.
Säilän dégaina alors sa lame et accrocha le fourreau au pommeau de l'arme qui s'y encastra parfaitement, créant de la sorte, une élégante lance. Cela semblait être la parfaite contremesure au style de Villia. De ce qu'il avait vu jusqu'ici, c'était un style de combat qu'elle n'allait pas du tout apprécier. Car, en plus de maitriser de nombreux styles de combat, le jeune homme avait tendance à choisir celui qui était le plus incompatible avec celui de son adversaire.
En gardant ses distances, le jeune homme attaqua Villia. Cette dernière ne s'en laissa pas découdre et connaissant pertinemment la faiblesse de son style, elle esquiva la première attaque pour se rapprocher du garçon bien derrière la pointe de l'arme, juste pour esquiver de justesse le bout du fourreau que Säilän venait de décrocher. D'un autre petit mouvement le garçon le raccorda de nouveau et flanqua un coup avec le mauvais bout de la lance en plein de le entre de Villia. Sans s'arrêter, il fit tournoyer la lance remontant l'extrémité qui rata de justesse d'asséner un nouveau coup de bâton dans le menton de la jeune femme. Il enchaina avec une attaque de pointe qu'elle para, fichant la lance de Säilän de le sol. Voulant profiter de l'ouverture, la jeune femme voulut attaquer. C'était sans compter sur Säilän qui se servit de la lance fichée comme d'une perche pour sauter au dessus de la jeune femme et une fois derrière elle lui balayer les jambes avec le bout non tranchant.
La jeune femme esquiva de justesse, remettant les deux adversaires face à face en statut quo.

Le Président avait décidé de se la jouer longue distance? Soit Elle n'était pas encore fatiguée. Elle se remit en garde, et tenta un assaut. En premier. Ses coups fusèrent, tentant de dévier la lance de Saïlan mais il était trop agile pour qu'elle puisse se rapprocher suffisamment. Elle parvint à donner un coup dans la lance et lança son poing vers son visage mais il fit un pas en arrière et remit immédiatement son arme dans l'axe, la mettant hors de portée. Elle réessaya une nouvelle fois, sans succès. Il semblait jouer avec elle, le salaud...

Elle s'élança alors vers lui tout en feignant de vouloir à nouveau dégager la lance. Saïlan, pas dupe, réagit immédiatement et répliqua en faisant tournoyer la lance, afin de s'offrir un périmètre de protection. Elle profita alors du mouvement pour se jeter vers ses jambes, passant juste au dessous de la lance, et lui attrapa les jambes, le plaquant brutalement au sol. Elle posa se cuisses sur l'abdomen de son adversaire afin de le marteler de coups, mais c'était sans compter la versatilité de son arme, qui se divisa en deux. Il remit rapidement son le pommeau de sa lame en face de lui, et lui donna un coup dans l'abdomen avant qu'elle n'ai pu le frapper, puis se remit debout avec un salto. Vilia était quant à elle toujours au sol. Voyant une ouverture, Saïlan riposta, mais une fois encore elle tentait de lui tendre un piège. Elle attrapa le fourreau alors que le Président tentait de la sonner avec un coup au visage pour la garder au sol, et tira de toute ses forces pour attirer Saïlan au sol, ou elle aurait définitivement l'avantage. Mais au lieu de résister, ce qui lui aurait à la limite permis de lui arracher son arme, son adversaire se laissa attirer et passa au dessus d'elle avant de faire une roulade, lui arrachant le fourreau des mains. Ils firent tout les deux volte-face et se regardèrent à nouveau, à quelques mètres à peine l'un de l'autre. La respiration rapide de Vilia n'était pas encore haletante, mais le coup qu'elle avait pris au visage l'avait fatiguée. Quant à Saïlan...

Säilän, était cette fois complètement pris par le combat. Ses yeux oranges enflammés étaient magnifiquement accompagnés par un sourire carnassier qui n'était pas sans rappeler celui que Villia pouvait parfois arborer.
En réalité, le jeune homme était comme elle. Il aimait se battre, il adorait se battre. L'adrénaline, la volonté, la peur, la douleur, la satisfaction et tout ce qui en découlait faisaient battre en lui un sentiment qu'il essayait pourtant de réprimer. L'amour du combat.

Mais si le garçon faisait preuve d'une technique pure qui dépassait probablement de loin celle de la jeune femme, la raison pour laquelle il ne l'avait pas encore vaincue tenait au fait que le garçon s'était trop longtemps éloignés des champs de batailles et des conflits pour ses propres raisons. Il lui manquait donc deux choses fondamentales que Villia possédait elle.

D'abord de l'expérience. Toute la technique et la théorie du monde sont inutiles si on est incapable de la mettre en œuvre correctement. Et le style de Säilän avait quelque chose de trop académique, de trop épuré. Ce n'était pas un style adapté à un combat dans lequel les règles ne s'appliquaient plus depuis un bon bout de temps déjà. Mais ce n'était pas là son plus gros problème, car Säilän y palliait rapidement et apprenait de ses erreurs à une vitesse inimaginable au moment du combat. Plus l'assaut durait, plus il avait de chances de gagner. Ou du moins cela aurait été le cas sans son deuxième problème.

Ce que Säilän avait oublié de prendre en compte, sous l'effet de l'adrénaline, c'est qu'il était déjà épuisé. tant d'années à paresser aux heures de sports et des tests avaient érodé son corps plus qu'il ne le croyait. Mais il ne s'en rendait même pas compte. Euphorique, prêt à en découdre, il avait l'air d'une toute personne.
Et lorsqu'il se jeta à nouveau sur Villia, frénétiquement, fourreau en main gauche, lame dégainée en main droite, il n'avait absolument pas remarqué sa respiration pantelante et les appels au secours de ses muscles trop sollicités.

Seul son cerveau travaillait, cherchant les meilleurs schémas d'attaques, variant son style le plus possible, cherchant à voir avec chaque coup quel était celui que Villia aimait le moins. Le temps des paroles moqueuses et de l'ironie n'était plus. N'avait sa place que l’excitation violente du combat. Avec chaque attaque, il la repoussait un peu plus dans ses retranchements, mais avec chaque attaque il perdait également un peu de force. Laquelle de sa technique ou de son endurance allait prévaloir ?

Soudain, il croisa le fer avec la jeune femme, qui refusa alors de céder du terrain, et il se retrouvèrent alors face à face coincé dans une prise, leur visage à quelques centimètres l'un de l'autre, et alors l'expression que Säilan pu lire sur son visage était celle de....

... La douleur, mêlée à la haine. Le mal de tête de la Présidente devenait insupportable, et étrangement, Sa haine semblait canaliser, adoucir ce maux comme s'il eu s'agit d'un pansement ou quelque médecine.

La louve faisait ainsi face au renard, sans qu'aucun des deux ne prenne l'avantage. L’œil entraîné par des années d'exercices physiques aurait pu noter la tension sur le muscles des deux adversaires, la sueur et les tremblements qui parcouraient ces deux corps sollicité à l'extrême par le combat. Mais aucun n'aurait pu imaginer le chaos qui grouillait au fond de l'âme de Vilia à ce moment là. Elle se sentait perdue sans pouvoir, démunie face à un adversaire si efficace au combat, comme une enfant qu'on aurait privé de toute affection ou protection. Et pourtant, alors que ces yeux croisaient ceux de Saïlan, une lueur émeraude et noire couvait au fond de sa pupille, s'étendant rapidement. Elle tenta un coup de genou, aisément paré par Saïlan, qui le repoussa sur quelque centimètre, lui permettant d'aligner une nouvelle attaque, qu'elle utilisa afin de le repousser une nouvelle fois, elle s'acharna sur le jeune homme qui perdait un peu de terrain à chaque fois, ralenti par ses membres fatigué, avant de finalement faire un bond en arrière pour briser sa série d'attaque alors qu'elle allait repartir une nouvelle fois. Elle hurla à la lune et s'apprêta à se jeter une nouvelle fois sur lui, mais s'arrêta brutalement, paralysée par la douleur.

Une mèche venait de s'allumer au fond de son âme, et elle sentit comme un feu ravager ses entrailles. Elle cria de douleur, stoppée nette, tandis qu'une espèce de chaos rampant noir commençait à virevolter telle une colonne de poussière tout autours d'elle. Comment était-ce possible, le sceau était toujours activé!

Ses cheveux d'argent resplendirent encore quelques secondes, avant de prendre partiellement une couleur d'encre. Elle enfouit son visage entre ses mains, avant de hurler à nouveau. Puis soudain, elle se redressa avec une brutalité inhumaine, dévoilant des iris pourpres desquelles s'échappaient les mêmes ténèbres qui l'entouraient. Elle déploya son bras gauche dans toute sa longueur...

Une épée à double tranchant, longue de presque deux mètres, épaisse d'au moins quinze centimètres apparut dans sa main, à moitié rongée par le chaos, et ruisselante de la même force qui pulsait en la jeune femme. Elle posa l'arme sur son épaule d'une main, laissa pendre son autre bras et se tourna avec une vitesse inhumaine vers Saïlan, puis lâcha avec une voix vibrante de pouvoir.

-Goute aux Ténèbres, Dentilës....


Elle fit un bond d'une trentaine de mètres et retomba en une seconde à peine sur son adversaire. Elle projeta par dessus sa tête son arme qui percuta le sol sur toute sa longueur dans une impulsion chaotique monstrueuse. Puis elle commença à enchaîner une série d'attaque avec une rapidité surhumaine au vue de la taille de l'épée, tantôt des pointes d'estoc, tantôt des coups horizontaux tantôt des saltos pour rester au maximum au corps à corps avec Sailan, le tout avec une violence inouïe et sans autres schéma ni cohérence que de toucher son adversaire.

Säilän ne se posa même pas la question de savoir comment elle avait pu invoquer son arme, cela n'avait aucune importance. La seule chose importante était qu'elle était là à présent. Säilän esquivait les attaques de Villia avec grâce, son esprit rendu dément par l’excitation complètement perdu dans le combat.
Il n'avait plus qu'une chose en tête : chercher le meilleur moyen de gagner. Son visage affichait toujours un sourire exalté par la violence des assauts de Villia.
Pourtant insidieusement, lentement, un étrange sentiment naissait en lui. Une intuition, quelque chose dont le jeune homme pensait s'être débarrasser il y a de cela bien des années.
Alors que le combat prenait une tournure dramatique, Säilän était toujours perdu dans l'optique de défaire Villia jusqu'à ce que...
Alors que Villia attaquait de son immense lame, Säilän voulut tenter une parade riposte. Au contact des deux armes, une fine craquelure vint fendre le phœnix qui ornait la rapière du président du conseil des élèves, scindant nettement la balance de la justice qui le cernait.

https://www.youtube.com/watch?v=c0XBTkC15DM

Et Säilän fut repoussé sur plusieurs centaines de mètres, ses pieds touchant plusieurs fois le sol et manquant de se briser en tentant désespérément de prendre un appui fort. En l'air Villia, tenta de nouveau de le frapper, et Säilän, rassemblant sa force décuplée par son Dimension 6 frappa le poing de la jeune femme. Pendant une seconde, il eut l'impression de la repousser, avant qu'il ne sente la tension au niveau de ses phalanges sur le point de se briser.
Et la dure réalité frappa soudain le garçon, tordant son sourire excité en une grimace oscillant entre sourire nerveux et perplexité.
Ce combat n'était plus de ceux qu'il pouvait gagner. Pas dans les circonstances actuelles en tout cas. Non l'enjeu avait drastiquement changé.
Il était maintenant question de survivre l'affrontement.
Säilän parvint de justesse à reprendre ses appuis avant de s'écraser lamentablement contre une roche qui traînait là, il avait quelques secondes pour reprendre la situation en main.
Ou non.
Villia était déjà sur lui, lame levée. Le jeune se téléporta par réflexe derrière elle la laissant exploser le rocher d'un seul coup de son épée démesurée. mais encore une fois, il ne put profiter d'aucun répit. Déjà, l'immense lame s'apprêtait à fendre son crâne. Il se téléporta de nouveau, incapable de n'esquisser ne serait-ce qu'une attaque.
Son épée ne tiendrait pas une parade supplémentaire. Säilän était pris au piège, contraint à esquiver en schéma aléatoire pour contrer l'instinct de bête dont faisait preuve Villia jusqu'à ce que son endurance soit complètement épuisée.

Pour la première fois de sa vie, Säilän n'avait même pas l'esquisse d'un plan. Quoique...
Dans un dernier effort, la jeune homme se retourna, comme une bête blessée, esquive l'attaque en pointe de Villia, la déviant légèrement avec sa répière et scellant par la même occasion le destin de son arme qui éclata en morceau.
Dans sa main droite, le Gate Opener sortit de sa manche, l'arme qui lui servait d'ordinaire à faire apparaître son immense panel d'arme, lui servit à... aspirer celle de Villia alors que de sa main gauche, serrée en un ultime coup de poing rassemblant toute la force que lui octroyait son pouvoir.
Ce coup de poker ne reposait que sur la possibilité qu'il puisse stocker l'arme de Villia...

La haine..... douce comme une brise matinale, mais pulsant comme mille soleils en elle.... Elle avait tellement soif de sang... de faire payer au Dentilës son affront, l'affront fait par sa famille aux Arghael.... Elle voulait planter ses crocs dans sa jugulaire, l'arracher et ramener triomphalement sa tête à ses parents...

- Oui... laisse toi aller.... laisse le sang pulser dans tes veines, clame fièrement ton héritage...

Elle sentait le pouvoir, son pouvoir couler à flot, libéré de toute emprise, de toutes contraintes. Et il était canalysé, concentré dans ce bout de métal rongé par le chaos. Et tandis que le jeune homme ployait sous les coups de Vilia, celle-ci devenait de plus en plus précise à chaque pas, à chaque saut. Ses attaques aléatoires se succédaient en une danse mortelle, laissant dans son sillage une traînée chaotique pourpre. Ses yeux mis clos étincelaient dans la nuit, empreint d'une étincelle brûlante, et  dégageant en même temps une aura si froide, si sereine. Le président les évitait tous les assauts, les parait tantôt, les esquivait avec grâce, concentré sur le combat.
Un sourire carnassier se dessina sur son visage, ses yeux s'ouvrirent grands, tandis que son épée pulsait d'une couleur vermeille chatoyante. elle fit un salto avant, et laissa retomber l'énorme lame avec toute la puissance dont elle disposait. Le choc avec la rapière de Sailan dégagea une monstrueuse onde de choc qui craquela la terre sur un rayon de presque cent mètres.

Et elle le sentit. Le petit bout d'âme du Dentilës s'échapper de cette fissure sur sa lame, la peur s’immiscer dans son esprit. Et jamais, Ô grand jamais n'avait-elle été aussi satisfaite. Mais ce n'était pas terminé, oh non. Il lui restait à achever sa proie blessée.

Il fallait qu'elle tue.

L'énergie autours d'elle se transforma en une robe couleur sang, qui enveloppa sa peau nue, tachant les plaques d'armure restantes qui la protégeait. Elle fit des attaques plus précises, plus rapides, plus maîtrisées. Elle se projeta en avant, elle attaqua de multiple fois, visant à chaque fois la défense de son adversaire plus que l'adversaire lui même. Elle voulait le tuer elle même, et sentir la chaleur de son corps inerte.

Elle fit encore un bond monstrueux et plongea vers son adversaire, qui esquiva l'attaque de justesse, elle enchaîna par un coup d'horizontal puis fit retomber son épée, provoquant une nouvelle déflagration. Sailan fut déséquilibré un instant, juste le temps pour elle d'enchaîner avec un coup d'estoc qui brisa la lame du jeune homme.

Le combat touchait à sa fin.

Elle se prépara à donner le coup de grâce... Quand tout à coup, le Gate Opener s'ouvrit juste devant la main du président, et aspira littéralement l'épée. Un rire démoniaque à glacer le sang retentit dans toute l'arène, tandis que Vilia lâchait de sa voix vibrante de pouvoir:

- Je ne crois pas non...

Elle chargea à nouveau son pouvoir, tenant fermement son épée, luttant contre l'immense puissance du sort de son adversaire. Une brume pourpre apparut à quelques centimètres du sol, et commença à tournoyer autours des deux combattants. Ses forces se rassemblaient, il ne lui restait plus qu'à détruire. Tout détruire. Annihiler ce qui restait, et tout serait fini...

ambiance

Elle se vit. Seule, perdue dans ce monde qui ne pouvait accepter un pouvoir comme le sien. Elle vit sa fierté écraser sa solitude, puis être rongée petit à petit par le rejet des autres.

Et elle le vit lui. Le jeune homme qui souriait avec sérénité malgré le mépris de la jeune fille. Celui qui lui faisait confiance et qui lui avait donné la vie qu'elle avait aujourd'hui...  Elle le haïssait, mais elle lui était si reconnaissante pour le reste...
Un flot d'émotions l'envahit. Une tempête de couleur et de goûts, une vague de sensations qui la submergea. Ses pupilles se rétractèrent brutalement.

Elle ne pouvait mettre le plan à exécution. Pas maintenant. Jamais.

Le sol fut illuminé d'une myriade de craquelures vermeilles, et la spirale de pouvoir de Vilia emplit toute la forêt, laissant une teinte pourpre sur le bois et la pierre, donnant à la lune la couleur du sang.

Une explosion dantesque oblitéra l'arène, mettant à mal les sceaux de protection des gradins. Les voix des commentateurs furent couverts par un tonnerre assourdissant, mêlée à une décharge d'énergie pure qui se transforma en colonne d'énergie au cœur de l'arène.... Un instant les spectateurs la virent apparaître dans la au dessus du champs de bataille, tenant son épée à l'envers, de ses deux mains, prête à retomber un dernière fois sur son opposant, perdu dans le tourbillon chaotique. Elle plongea...

Et tout s'éteint.

Sans un bruit, sans une déflagration, ni même un courant d'air. Il ne restait qu'un immense cratère et une fumée qui se dissipa presque aussitôt.Les arbres avaient été consumés, la terre était couverte de cendres, peu à peu balayés par la cascade qui coulait à nouveau dans l'arène. des amas de branches et de rocs traînaient ça et là sur le terrain. La pâle lueur de la lune éclairait à nouveau convenablement le terrain.

Et sur un promontoire gisait le Président, ses yeux colorés croisant ceux, vairons, humides, de la jeune Arghael à genoux devant lui. Sa main était encore posée sur le pommeau de sa lame, fichée jusqu'à la garde à quelques centimètres à droite du ventre du jeune homme. Elle se dissipa avec la brume, emportée avec la robe vermeille de la jeune femme telle un tas de sable par le vent, tandis qu'elle posait une main sur le sol.

- Je... je suis... murmura-t-elle à bout de souffle.

Elle tendit sa main gantée vers le jeune homme, ses griffes se rapprochant de son visage... La douleur de ses os brisés et ses muscles affaiblis à l'extrême la rattrapèrent brutalement, et elle s'effondra, inconsciente, sur le flanc, juste à côté de Saïlan...

Säilän les yeux oranges écarquillés, incapable de bouger ne put que continuer de fixer le ciel. Il avait vu la mort en face. Son ombre noire prête à faucher sa dernière étincelle de vie. Mais il était encore là. Ce n'était pas la première fois que le garçon jouait sur la fine ligne qui séparait vie et trépas. Mais jamais avant n'avait-il été si près de ne plus pouvoir revenir du bon côté.
Son bras vint cacher ses yeux larmoyants. Des larmes de soulagement, de peur, mais surtout de frustration. Il n'avait rien pu faire. Si Villia n'avait pas repris ses esprits, il ne serait maintenant plus qu'un corps parmi tant d'autres.
Après une minute sans rien dire qui parut une éternité à la foule trop ébahie pour parler. Säilän se contenta de maugréer quelques mots qui furent retransmis et amplifier par les magicaméra.

"Une amère douceur,
Promesse certaine d'une revanche,
Gout de la défaite."

Il fallut quelques secondes à la foule pour saisir que... le Président du conseil des élèves venait d'admettre la victoire de Villia. Une foule en délire, ou les mots d'encouragement, d'excitation ou encore de confession fusaient, vint saluer la fin du combat épique qui venait d'avoir lieu dans le parc de la RosenWell Academy. Parc qui grâce aux deux combattants s'étaient vu agrémenté d'un nouveau lac...
Rapidement les médecins qui étaient aux aguets vinrent à la rescousse des deux combattants fourbus alors que les caméras s'éteignait et que l'assemblée des élèves se dissipait.
Ce combat resterait sur les lèvres des étudiants pendant encore de longues semaines.

Mais alors que la Présidente du conseil de discipline et le Président du conseil des élèves étaient tous les deux monté sur ses des brancards. Le jeune homme lança à l'attention de la jeune fille, des yeux jaunes brillants d'excitation et teinté d'un brin de rouge déterminé :

"Hey Villia, que tu entendes ou non, retiens bien ça : La prochaine fois, c'est toi qui goutera cette frustration. Tu mordras la poussière sans m'infliger une seule blessure."

Mais ses mots manquèrent d'impact lorsqu'il s'évanouit ayant utlisé ses dernières forces pour formuler son incendiaire invective dans laquelle il avait même abandonné le vouvoiement pompeux qu'il affectionnait habituellement.