[Histoire]Acte 1, chapitre 3 : Commencement

Ce jour là. L'académie recevait un hôte de marque.
Ce jour là, tous les élèves avaient été rassemblés dans le plus grand amphithéâtre de l'école. Celui qui avait été agrandi magiquement.
Ce jour là, une aura d'inquiétude planait au dessus de la première académie de Seirei.

Sur l'estrade, le corps professoral au grand complet se dressait en un ensemble. Tous vêtu de noir. Les halls de l'académies étaient tous vides. Un vent vide soufflait dans toute l'académie, annonciateur de problèmes. Même alors que l'amphithéâtre était déjà rempli depuis plusieurs minutes, le principal hésitait à débuter son discours.
Derrière son piédestal, il passait son temps à réajuster sa cravate et à jeter des regards furtifs à l'homme en aube bleue qui se tenait là, assis sur une chaise, un air sévère qui le rendait méconnaissable.
Oui, à côté du professeur Tosnatha, se tenait Lysandre Esthan, le Chroniqueur de Seirei. Rien que la deuxième personne la plus importante de tout le pays.

Dans les gradins les élèves avaient passé le stade de l'excitation et plus un souffle ne semblait parcourir l'assemblée. Tous le monde avait l'air d'avoir saisit la gravité de la situation.
Säilän, assis au beau milieu de l'amphithéâtre, aux côtés de sa soeur, n'avait pas du tout envie de sourire. Il avait un doute, une intuition. Ils n'oseraient quad même pas....

Soudain, le seigneur Esthan se leva et posa une main rassurante sur l'épaule du principal. Il l'invita à aller se rasseoir alors qu'il prenait sa place devant le piédestal, à présent la cible de toutes les caméras magiques qui retransmettait aux élèves les plus au fond.

Il s'apprêtait à parler.

Dans cette grande salle majestueuse, étaient rassemblé l'intégralité de l'académie. Cela arrivait rarement, et lorsque c'était le cas, peu de gens n'osait ne serait-ce que chuchoter... par ce que tous savait que ce qui allait être dit allait peut-être changer leur vie. Cependant, il y avait toujours quelques personnes debout, veillant néanmoins au respect des consignes, et à la discipline de la foule. Parmi ces personne, appuyée avec nonchalance contre une rambarde, les bras croisés, son large manteau noir sur les épaules, la Présidente du Conseil de Discipline regardait depuis les coursives suspendues au plafond qui permettait d'accéder aux projecteurs et autre équipements technique la scène, sur laquelle le Chroniqueur avait pris place. Elle jetait presque un regard torve à la scène, car elle était en même temps concentrée sur la salle, à la recherche d'éventuelle magouille.

Mais son pied tapait sur le sol, et témoignait d'un certain stress. Les rumeurs avaient enflées, Peu de gens savait à quoi s'attendre. Mais une chose était sûr. Elle brûlait d'impatience. Elle n'attendait que ça, de voir ce qui allait se passer, quel ordre allait être donné.

Le dragon endormi allait enfin se réveiller.

Le roturier était placé non loin de Neha. Il arrivait parfois que l'académie reçoive des invités importants. Les visites du Chroniqueur en personne étaient toutefois un événement rarissime. L'ensemble du personnel et des professeurs s'étaient habillés en conséquence.

Kurthis revenait à peine des cuisines, où il avait participé à la confection des habituels buffets prévus pour la réception. Des bruits couraient en cuisine et Kurthis avait pris l'habitude d'écouter ses rumeurs. Après tout les femmes de chambre, les serveurs et tout les autres membres du personnel parlaient de tout ce qu'ils avaient entendu. Ils entendaient pas mal d'histoires, qui la plupart du temps tenaient plus du potin et des dernières aventures nocturnes d'un noble.

Mais cette fois-ci c'était du sérieux. Le Chroniqueur avait une annonce importante à faire. Kurthis était certain qu'il ne s'agissait pas d'un mariage futur ou d'une fermeture de l'école. Le roturier voyait les professeurs tendus derrière le Chroniqueur. Il ne savait pas quoi penser. Il ne voulait pas croire une seule seconde que les rumeurs étaient fondées.

" J'ai un mauvais pressentiment. " marmonna-t-il, inquiété par toute cette agitation.

" Un... deux... un, c'est bon on m'entends là ?"

Le chroniqueur venait de rompre le silence pesant de sa voix vive et claire. L'air gêné et complètement à l'ouest, comme à l'accoutumée, il triturait le micro qui avait été installé comme si cela allait changer quelque chose au grésillement qui accompagnait chacun de ses mots.

Après une bonne minute d'essai infructueux, il finit par saisir l'objet de son mécontentement pour le lancer négligemment derrière lui. Il parla alors d'une voix forte qui couvrit sans problème la totalité de l'amphithéâtre, démontrant l'inutilité des hauts parleurs dans une salle où l’acoustique était parfaite.

"Bonjour à tous ! Nous sommes ici réunis..."

Soudain il s'arrêta net dans sa phrase et devint tout pâle comme si la ciel allait lui tomber sur la tête. Dans un geste éloquent, il leva le doigt, l'air de dire "attendez une seconde s'il vous plaît..." et se retourna vers Tosnatha pour lui souffler quelque chose à l'oreille.
C'est par le col que le professeur ramena le chroniqueur au centre de la scène qu'il venait de quitter visiblement pour une futile raison. Sous le regard sévère de l'enseignant, Lysandre repris :

"Excusez moi pour cette interruption, nous somme donc ici réunis car j'ai une importante nouvelle à vous annoncer. Certains s'en réjouiront, d'autres s'en ficheront royalement et d'autres encore pleureront, mais cela ne changera rien aux faits : Seirei est désormais en guerre contre l'empire de Maria."

Le chroniqueur ne marqua même pas une pause à ce moment du discours ne laissant aucune chance aux élèves de réagir.

"Et étant donné que je n'ai absolument aucun plan de discours prévu, si vous avez des questions posez les, je me ferais un plaisir d'y répondre avant de continuer l'exposé que j'était censé préparé pour aujourd'hui...."

Ses mains tremblaient, et, toujours adossée contre la colonne, elle en avait enfoncée une dans la poche de son manteau, et posée l’autre sur la rambarde, afin de les calmer toute les deux. Ses yeux luisaient dans une lueur malsaine, et un sourire nerveux se dessinait sur son visage.

Alors Elle était là. La guerre. 1300 ans d'attente, et enfin, ce dont elle avait toujours rêvée et redoutée à la fois était là. La guerre. Ils devenaient les élus de l'Empire, les croisés de l'Armada Imperialis, ceux qui allaient changer ce pays, et le monde. Elle faisait partie de la bonne génération, et ne pouvait que laisser son sang enflammé pulser dans ses veines. Elle savait que son âme était douce et timide, qu'importe. Le pouvoir en elle était sauvage, et avait besoin de se nourrir. Elle regarda l'assemblée, cherchant la réaction des élèves. Certain(es) en avaient les larmes aux yeux, d'autre semblait choqué; beaucoup étaient résigné, cela se lisait sur leur visage. Une partie non-négligeable semblait se satisfaire pleinement de cette réponse. Les mains fusèrent de toute part, accompagné d'un brouhaha qui s'étouffa aussi vite que le Chroniqueur leva la main pour les faire taire. Puis les première questions furent entendue, entre autre celle d'un 3ème année calme et froid:

- Pourquoi maintenant, qu'est-ce qui a changé la donne?

Mais aussi celle d'une jeune première année:

- Toute l'académie est mobilisée?

Suivie de plusieurs autres questions ([HJ]Que je laisse à Kurthis [HJ]).

Kurthis frémit à l'annonce du début de la guerre. Ses craintes s'avéraient fondées, ils étaient désormais partis pour une croisade contre le monde. Les étudiants de l'Académie savaient tous que ce jour arriverait à un moment ou un autre.

Le roturier s'attendait à être apeuré par la situation mais, à sa grande surprise, il demeurait calme. Il avait depuis longtemps accepté l'éventualité de faire parti de la génération qui partirait en guerre. Il s'était donné à 100% tout les jours dans le but d'être prêt à partir au combat. Il se savait déterminé cependant il ne s'attendait pas à l'être à ce point. Il se demanda alors s'il s'agissait du sang de son ancêtre, excité par un désir de vengeance de plusieurs centaines d'années. Il oublia vite cette possibilité, assez folle au fond.

Il observa rapidement les élèves autour de lui, les questions fusaient de partout.

- Les examens seront annulés ?

- Pourquoi l'empire ? A-t-il tenté de nous attaqué ?

- Vous avez plus de détails sur cette opération ?

- Quel est le plan ?

- Quand attaquerons-nous ?

Le Chroniqueur commença à répondre avec calme et précision à chacune des questions posées, sa voix ne trahissant pas la moindre émotion. Il se contentait d'énoncer des faits, purement et simplement. A la première question, il répondit :

"Une opportunité en or s'est présentée, et le Reine pense qu'il s'agit du moment ou jamais de lancer l'assaut. Je vous expliquerait tout ça plus en détails dans quelques instants.

Nous n'avons bien entendu pas l'intention de mobiliser toute l'académie d'un seul coup. Les premières et deuxièmes années pourront continuer de se concentrer sur leurs études. Il est bien entendu hors de question que nous envoyions des troupes sans préparation sur le champ de bataille. En réalité seule les septièmes années seront envoyés au front. L'affiliation à un bataillon remplacera leur stage d'entraînement dans l'armée.
Quant aux autres, ils agiront en unités indépendantes en tant que soutien, sauf pour les meilleurs d'entre vous qui recevront des ordres... spéciaux."

Avec un sourire narquois, Lysandre répondit à la question suivante :

"Non les examens ne seront pas annulés.

Non, ils ne nous ont pas attaqués, mais encore une fois, une occasion s'étant présenté, nous devons la saisir.

Les détails concernant vos assignations vous seront fournis individuellement.

Même réponse."

Le Chroniqueur répondait du tac au tac sans perdre contenance.

"Les dirigeables partiront dès la fin du week-end pour vous laisser le temps de vous préparer et de bien prendre en compte tous les détails de vos missions respectives."

Neha se leva alors pour poser elle aussi une question :

"Est ce que les héritiers des Grandes familles sont également sujets aux ordres ? Pouvons nous choisir nos affectations et nos équipes ?"

Le Chroniqueur eut un petit réflexe de dédain mais il comprit vite. La jeune fille ne posait pas la question par un vain orgueil. Non, elle posait la question parce qu'il fallait bien que quelqu'un la pose. Peu importe si elle devait passer pour l'aristocrate arrogante. Lysandre répondit avec un sourire.

"Avant d'être les enfants de membres des Grandes Familles, vous êtes des élèves de la Rosenwell Academy et en tant que tels, vous suivrez les instructions qui vous seront données. Les affectations se feront en fonctions des compétences et non pas en fonction du rang."

Comme l'avait prévu le Chroniqueur, un chaos bruyant suivit l'annonce.

"Comment ?! Ca veut dire que je pourrais me retrouver à suivre les ordres d'un roturier ? "

"Ma famille fait partie des plus puissantes de Seirei, jamais elle ne laissera passer cet affront !"

Et ainsi de suite. C'est alors que Säilän se leva, calmement, sans esquisser le moindre mouvement brusque. Puis lorsque son intervention eut fait rétablir le calme, il posa une simple question rhétorique qui fit définitivement taire les incrédules. Si il n'en pensait pas moins, ils n'avaient désormais plus rien à dire.

"Et devant les armées ennemis, qu'est ce qui vous protégeras le plus efficacement, un commandant efficace ou votre nom de famille ?"

Puis le garçon se rassit sans un mot de plus, laissant de nouveau la parole au Chroniqueur.

"Bien, y a t-il quelques dernières question avant que je commence à décrire les opérations ?"

La présidente du conseil de discipline, passé le choc de la nouvelle, écoutait silencieusement les réponses aux questions. Bien que la plupart semblent logique, elle redoutait les ordres spécifiques, et avait l'impression qu'un manque de communication pourrait nuire aux opérations. Au moins qu'il y ait des directives générales... mais de toutes, c'était les assignations personnelle qui inquiétait la jeune étudiante. Mais il en fallait plus pour qu'elle perde sa ferveur. Même les assignations par compétences plutôt que par classe, même si elle lui fit hausser un sourcil de dédain, ne l'ébranla pas, la remarque du Président était pertinente. Par ailleurs, même si elle aurait détesté par dessus tout de se retrouver sous le ordres d'un roturier, elle savait que son pouvoir était suffisamment dévastateur pour qu'elle soit en haut de l'échelle, peut être même pour qu'elle participent à des opérations sous couverture, ou d'infiltration... bon, pas en électron libre. Elle était bourrine, mais pas à ce point.

Le Chroniqueur posa une ultime question:

"Bien, y a t-il quelques dernières question avant que je commence à décrire les opérations ?"

Sa voix fusa, la voix grave et sans émotion d'une louve sur le qui-vive, couvrant les autres questions d'éventuels autres élèves.

- La guerre sera-t-elle courte, ou sa Majesté anticipe-t-elle de durs combats et un long conflit?

Kurthis sursauta de surprise en entendant la question de sa maîtresse. Elle avait toujours une idée derrière la tête, tout comme son frère. Essayait-elle de le faire réagir ? Le jeune roturier était rassuré de savoir qu'il ne faisait pas parti des soldats appelés au front. Il n'avait pas vraiment l'impression d'avoir sa place parmi les exceptions de l'école. Certains élèves étaient de vrais monstres, sans pour autant être en septième année. Kurthis était conscience de ses forces et de ses faiblesses, il les connaissait mieux que quiconque. Mais dans un conflit d'une telle ampleur, il n'était pas préparé.

Cependant il suivrait les instructions. Si on le jugeait apte à apporter son soutien à l'armée, il irait au combat en donnant le meilleur de lui-même. Il avait l'habitude de se surpasser quotidiennement. Il s'inquiétait davantage pour les Dentiles. Les chances qu'ils soient choisis pour des opérations spéciales étaient importantes et il craignait de ne pas être là pour couvrir les arrière de Neha. Kurthis attendait la description des opérations par le Chroniqueur.

Le Chroniqueur mit un temps avant de répondre à la question de Villia. Visiblement c'était soit une chose à laquelle il n'avait pas pensé ou alors...
Après une petite pause, le chroniqueur répondit avec une voix aussi neutre que monotone :

"La Reine espère de tout coeur que le conflit ne s'éternisera pas."

Cela voulait bien dire ce que cela voulait dire. Malgré les préparations et l'attaque surprise, il était à prévoir que le conflit contre un des plus grands empire voisins risquaient d'être longue et si la victoire était certaine, du moins du point de vue de la Reine, le coût de cette victoire reposait en chacun des combattants.
Seirei n'avait que peu d'informations sur le reste du monde, du fait de sa nature isolée et de la petitesse de son territoire, l'empire n'avait de véritables informations que sur les pays qui lui était limitrophes : Mariya à l'ouest, les principautés de Chakrün et Kilsür au Nord, sur tout le versant Sud, Sud-Est, le royaume constitutionnel de Sophistia, et finalement à l'Est, partageant un tout petit bout de frontière Loestrania.
Il n'y eut pas d'autres questions, ou du moins pas verbalisée devant tout l'amphithéâtre, aussi le Chroniqueur reprit-il :

"Très bien, maintenant pour la procédure. Comme vous avez pu le remarquer, les dirigeables militaires sont arrivés ce matin. Vous serez affecté à une escouade dirigée par un de vos professeurs à la sortie de l'amphithéâtre. Vous vous rendrez ensuite à votre dirigeable à 18 heures pour le briefing et serez affecté à un précis à la discrétion de votre enseignant. Ne prenez avec vous que le minimum d'affaires. Armes et équipement standard seront fournis à bord des bâtiments. Si il n'y a pas de question, rompez."

Dans un  brouhaha d'ensemble les élèves commencèrent à sortir. à chaque embrasure se trouvait une table derrière laquelle un magistrat lambda distribuait aux élèves qui se présentaient avec leurs noms, leurs affectations....